L’usage des exosquelettes suscite de nombreuses questions sur ses avantages et ses inconvénients sur la santé. Aléa Prévention fait le point sur les limites de ces équipements encore mal connus des entreprises.
L’exosquelette pour prévenir des risques
Les exosquelettes sont le plus souvent des équipements d’assistance à l’effort en entreprise. Leur principal objectif est de lutter contre les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) pour soulager la charge ou des gestes répétitifs par exemple. Cependant, alors même que les exosquelettes semblent conçus pour réduire les efforts à faire pour effectuer une tâche, comportent-ils des risques pour les opérateurs ?
Cette nouveauté technologique récente mérite en effet un instant de réflexion.
Et si l’exosquelette comportait lui-même des risques ?
Certes, les exosquelettes permettent de soulager l’opérateur lors de certaines tâches, mais attention de ne pas tout miser sur ces équipements pour prévenir des TMS. Les exosquelettes mal utilisés peuvent engendrer également de lourdes conséquences voire aggraver une pathologie. Le manque de recul ne permet pas d’identifier clairement les risques en fonction du type d’équipement proposé. Cependant plusieurs points de vigilance ont été soulevés par l’INRS lors d’études sur le terrain :
Des risques mécaniques :
- Risque de collision : avec une tierce personne lors de déplacement dans l’espace, car il y a des parties hors de son champ visuel, mais aussi avec l’utilisateur lui-même lors de manipulation. Ces risques peuvent être dûs à un mauvais réglage ou à une défaillance de l’équipement.
- Écrasement : des risques de coincements et d’écrasement peuvent se produire à la suite du port de l’équipement ou d’un mauvais réglage.
- Risque de frottement : lors des gestes répétés, le frottement entre les éléments de fixation et l’opérateur peuvent se produire et engendrer des risques de lésions.
- Risque articulaire : si l’opérateur n’a pas la souplesse musculaire du mouvement par exemple et que ce sont des mouvements fréquents et prolongés.
- Liberté de mouvement limité : le port de l’exosquelette n’étant pas naturel, il peut perturber la liberté de mouvement de celui qui le porte.
Des risques physiques :
- Charge physique augmentée dans sa globalité : l’exosquelette lui-même comporte une charge qui peut avoir des conséquences sur la santé de l’opérateur.
- TMS :il y a pour le moment aucune preuve que les exosquelettes réduisent les TMS, car leur utilisation est trop récente. Cependant, certains TMS peuvent être aggravés. De plus, lorsque le corps se dédouane d’une charge, il compense à un autre endroit. On a donc remarqué qu’un exosquelette des membres supérieurs augmente la charge sur les vertèbres lombaires, ce qui n’est pas forcément souhaitable. Le schéma de mouvement étant altéré, il peut avoir des répercussions sur l’appareil locomoteur.
- Déséquilibre et contrainte au niveau de la posture : l’exosquelette rajoute un poids et peut modifier l’équilibre et la posture de celui qui le porte pouvant avoir des conséquences sur la santé.
- Perturbation des sens : le fait de porter l’exosquelette longtemps peut altérer les sens lors du retrait. Cela peut s’exprimer par un manque d’équilibre ou une perturbation lors de la réalisation de mouvements.
- Perturbation musculaire : à moyen terme, l’utilisation prolongée ou répétée d’un exosquelette peut donc engendrer des phénomènes de fonte musculaire locale, à l’origine de troubles fonctionnels variés.
Des risques psychologiques :
- Perte de contrôle et d’autonomie : L’homme devient dépendant de l’exosquelette et peut avoir le ressenti d’un manque d’autonomie et de régression.
- Augmentation des exigences attentionnelles: une tâche peut devenir une double tâche : celle de son travail et celle de l’utilisation de l’exosquelette. L’exosquelette peut représenter une grosse charge mentale pour l’opérateur.
- Incidence sur l’expertise de l’opérateur : L’opérateur doit modifier ses repères sensoriels pour s’adapter à la démultiplication des efforts, au risque de perdre une partie de l’expertise et du savoir-faire acquis précédemment. Cette adaptation peut de surcroît augmenter temporairement ou durablement la charge cognitive pour maintenir son expertise professionnelle.
- Impact sur l’organisation du travail : Les exosquelettes demande une organisation particulière du lieu de travail afin de pouvoir les utiliser correctement. Cela peut perturber l’opérateur qui doit réorganiser sa manière de travailler.
- Acceptation: l’opérateur peut rencontrer certaines difficultés à accepter le matériel. L’exosquelette peut l’impacter psychologiquement. Celui qui l’utilise peut se sentir stigmatisé, inutile, rabaissé, dépendant de l’objet et se sentir dévalorisé dans son travail.
Un contrôle indispensable sur le long terme
En conclusion, l’exosquelette n’est pas un choix évident et naturel pour un opérateur et encore moins pour sa posture. Il conviendra donc de prendre en compte tous les impacts sur la santé des travailleurs et de se faire accompagner tout au long de la mise en place d’un exosquelette par des professionnels, médecins du travail et fournisseurs de matériels. L’employeur ne doit pas se reposer uniquement sur ces équipements pour résoudre des problèmes de TMS, d’autres moyens de préventions alternatifs ou complémentaires seront à envisager.
Enfin, compte tenu du manque de recul, il est impératif que les entreprises en possession d’exosquelettes mettent en place un suivi sur le long terme pour évaluer les effets sur les employés utilisant ces équipements.
Le Document Unique peut être un bon outil de suivi et vous aider à structurer votre approche lors de la mise en place de cette nouvelle génération d’équipements. Le logiciel DUERP d’Aléa Prévention vous permettra de lister les risques et les mesures de prévention prises avec des alertes régulières si besoin de mise à jour.
Alors, maîtrisez vos risques et accélérez votre performance avec Aléa Prévention !